Artistes, la ville est à prendre ! Smartcity 27 et 28 janvier 2010 par Natacha Seignolles

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Rdv régulier des équipes de dedale,  le débat cette année était animé par Paul Ardenne.   Son petit manifeste en édito du site smartcity pose la lancinante question du rôle de l’artiste dans la ville et bien sûr de l’art en lieu clos. Le ton est incisif et la réflexion intéressante, alors je reprends sa conclusion : artistes, tous dehors, la ville est à prendre !

Ma journée

Et je commence mon après-midi par l’intervention drôle et décoiffante des artistes Rebar group, sympathique collectif d’artistes de San Francisco. Leur vidéo avec le parkcycle est un bel exemple d’activisme : 1 jardin mobile à installer n’importe où et pourquoi pas devant la mairie de San Francisco où un maire tout droit issu d’une série télé américaine refuse avec décontraction de monter dans le parkcycle pour ne pas froisser son costume…

 Le principe du Parkcycle est tout simple, des panneaux solaires pour l’énergie, des pédales…pour l’énergie aussi, et un petit bout de pelouse avec un arbre tout ça en mobilité.

Humour, écologie, social tout y est. Et une mine d’idées pour nos espaces bétonnés.

2eme partie de l’après-midi, table ronde Dispositifs artistiques participatifs et projets urbains, croisement de regards  d’artistes, d’urbanistes, d’opérateurs culturels.

Comment sensibiliser les citoyens à leur environnement, aux projets urbains ? comment intégrer la création artistique aux projets eux-mêmes sont-ils un moyen de relier citoyens, élus et experts ?

L’artiste ne peut en aucun cas être relais ou synthèse entre la ville (comme entité experte) et le citoyen.  Jean-Pierre Charbonneau,  urbaniste et consultant en politiques urbaines ou culturelles, l’a bien compris. Il laisse totale liberté à l’artiste de faire ce qu’il veut dans un endroit donné,  lui permet aussi de modifier la structure même d’un projet. De pérenne il devient éphémère pour mieux coller à la ville et à son mouvement perpétuel.

Les projets éphémères deviennent eux aussi quelquefois pérennes, c’est ce qui fait leur force et leur spécificité.

Pascal Amphoux , par exemple, a  mené un projet  lors d’une édition du  Festival du jardin à Lausanne en réalisant 35 jardins sans permis de construire.  4 à 5 n’ont jamais été détruits et se sont pérennisés .

Dans sa démarche, Pascal Amphoux insiste sur la narration, il parle de réciter le lieu (en restituant la parole latente de l’habitant).

J’ai beaucoup aimé aussi l’intervention de Henri Simons, premier échevin en charge de l’urbanisme et de la culture de la ville de Bruxelles de 2001 à 2006.

Très mesuré dans l’approche participative tous azimuts, il remet chacun à sa place dans l’agora de la vie publique en rendant à chacun  son rôle.

Le public est actuellement  trop dans une posture de juge, il frustre le concepteur et son savoir-faire. Attention aussi à la parole publique, il y a ceux qui parlent et ceux qui n’arrivent pas à parler. Ces derniers sont sans doute les exclus de cette nouvelle forme de participation.

Il faut plutôt  permettre au citoyen de devenir acteur du projet très en amont. Il s’agit bien de donner une place au citoyen mais aussi aux experts. L’artiste et le citoyen permettent de décaler les regards des experts (élus, urbanistes, architectes…).

La ville en tant qu’espace public doit aujourd’hui être un lieu multifonctions et pas uni-fonction.

En conclusion, décaler les choses, déplacer le sens de l’espace public, créer de l’étonnement, générer et regénérer le débat (apprendre à gérer le dissensus plutôt que le consensus), c’est ce que devraient permettre ces nouvelles formes de collaboration.

Finissons sur la parole de Nogo Voyages (laboratoire de projets artistiques liés au voyage), faire que la ville ne soit plus un lieu de fuite !

A suivre rencontre avec de jeunes artistes.