Le basculement du monde vu par l’Oréal, par Natacha Seignolles

spheraleas_scenocosme.1286034866.jpgLe basculement du monde est une expression forte !

Quand Jean-Paul Agon se déplace pour une conférence au titre aussi prometteur que «  basculement du monde, enjeux et opportunités » on est en droit d’attendre un débat dense et pourquoi pas paradoxal. Mais tout est bien en place au pays de la beauté et du marketing.

Qu’est ce que le basculement du monde pour l’Oréal ? aller chercher le milliard de consommateurs dans les pays émergents…Il s’agit donc d’un basculement uniquement géographique, les territoires à conquérir ne sont plus les mêmes et l’on passe de la vieille Europe aux marchés émergents que sont la Chine, l’Inde, le Mexique…

Bien sûr on rassure la vieille Europe. Vu le vieillissement de la population, il y a de formidables opportunités pour les produits de beauté qui sont loin d’être en faillite.

Les marques ne frémissent ni devant la crise, ni devant des changements qui devront pourtant être pris en compte dans leur marketing et leur communication.

Le basculement vers le numérique ne verra le jour qu’en 2015, l’année du digital chez l’Oréal…4 ans pour mettre en place une stratégie digitale alors que tous les publics ont déjà pris d’assaut la sphère numérique. Attention à ne pas prendre du retard …

Le discours sur l’innovation est nettement plus intéressant, Jean-Paul Agon croit à l’intelligence économique et à la nécessité d’être en veille active sans cesse. Côté marketing de la beauté, il crée des laboratoires décentralisés, s’intéresse de près au sceau créatif et aux traditions des pays, par contre il n’imagine pas des produits imaginés par le consommateur, il ne croit pas beaucoup à la créativité du consommateur.

Est-ce bien raisonnable de penser que seule la mobilité de l’expatrié sorti tout droit de grandes écoles de commerce peut générer cette créativité ? et la compréhension d’un monde  qui imperceptiblement bruisse ?

Ne serait-il pas intéressant de faire se frotter des modes de pensée différents ? de jeter plus qu’un regard sur ce qui se fait bien au-delà de la science pure et des lois du commerce ?

Il serait imprudent de penser que le monde est immuable…

Et si l’Oréal s’intéressait de près à ce que font les artistes, comment ils pensent le corps et comment ils le projettent dans l’espace…et le futur…