Design-fiction, documentaire, web-doc, biologie, comment agiter l’écologie ?
Dans le cadre de « La semaine de La Science Se Livre », j’ai eu envie avec Carine Le Malet du Cube d’aborder la thématique du Catastrophisme autrement, toujours avec ce regard art&sciences qui caractérise Décalab.
Pendant deux jours, nous allons explorer la question de la catastrophe, de l’écologie avec le designer David Benqué, la réalisatrice Keiko Courdy et le biologiste Pierre-Henri Gouyon, sous la forme d’une rencontre-projection et de workshops.
Une rencontre organisée autour de deux objets :
L’installation de design-fiction « The new Weathermen » de David Benqué et le film-documentaire de Keiko Courdy « Au delà du nuage ».
En confrontant deux objets, l’un totalement fictionné mais avec les contraintes du design, l’autre ancré dans la réalité de témoignages d’un après-Fukushima, on pose deux regards sur l’écologie, mais qui sont tout de même de l’ordre de la narration.
David Benqué, designer, utilise cette méthologie géniale qu’est le design-fiction, terme inventé en 2008 par Julien Bleecker. Une méthodologie pratiquée par des chercheurs comme Nicolas Nova et par l’auteur de science-fiction Bruce Sterling.
Il s’agit d’avoir une approche prospectiviste par le design, (dit aussi design spéculatif), créer des scénarios en ne s’exonérant pas des contraintes du design soit la faisabilité technique, les interactions avec les acteurs, le modèle économique.
Avec l’installation « The New Weathermen », David Benqué interroge la pensée écologique. Face aux crises climatiques, les idées et croyances des écologistes se polarisent de plus en plus avec d’un côté les « bio-conservateurs » et de l’autre les « techno-progressistes ». Le designer va étudier les alternatives pour de nouvelles relations entre écologie et science. « The New Weathermen » explore comment ces alternatives pourraient se manifester à travers un groupe de militants fictifs qui utilisent la biologie de synthèse et les modifications génétiques comme des outils d’action directe au service de l’environnement.
En inventant de toutes pièces ce groupe d’activistes militants , David Benqué crée des scénarios improbables, souvent délirants qui posent des questions technologiques mais aussi sociétales et éthiques. Il ne s’agit pas pour autant de construire uniquement de la l’affabulation, de l’imposture mais bien d’interroger toutes les faces d’une problématique.
Le design-fiction est loin d’être un gadget dans les processus de design et dans notre façon de penser l’innovation.
Il est au contraire un formidable levier pour penser les nouveaux usages. En décalant les points de vues, il permet justement d’englober l’ensemble des questions à se poser lors de l’étude de nouvelles approches.
Les expériences du design-fiction sont concrètes et permettent d’aborder différemment des sujets que l’on aborde de manière linéaire souvent de manière théorique dans les conférences, de manière pratique avec les outils de l’ingénierie et du marketing. En revisitant nos problématiques avec le design-fiction, on peut ainsi distordre les schémas classiques et explorer « hors du cadre ».
En face de cet objet qu’est « The new WeatherMen », le documentaire de Keiko Courdy.
Après la catastrophe de Fukushima du 11 mars 2011, la réalisatrice est partie à la rencontre des habitants pendant plus d’un an mais aussi de nombreuses personnalités japonaises engagées.
Ces témoignages montrent les contradictions et les élans pour un autrement d’une population qui se relève d’un traumatisme. Beaucoup rêvent d’un « Yonaoshi », un renouvellement du monde, mais est-ce possible ? Peut-on changer nos comportements et repartir sur des bases plus saines dans notre rapport au monde, à l’environnement ?
Ces questions là, la réalisatrice les a traitées en pratiquant ses interviews dans le cadre d’un documentaire mais aussi d’un web documentaire qui permet de conserver la mémoire de tous les matériaux sonores, photographiques, reportages et d’avoir un fil narratif construit comme un arbre de vœux, élément traditionnel du Japon.
Nous demanderons au biologiste Pierre-Henri Gouyon spécialisé en sciences de l’évolution et plus particulièrement en génétique, en botanique, et en écologie de nous faire son rapport d’étonnement. Pierre-Henri Gouyon s’intéresse largement aux questions d’éthique et de relations entre science et société.
Avec Matteo Merzagora, le directeur de l’ESPGG, qui interroge chaque jour les relations science et société, aux manettes, le débat risque d’être passionnant…
Vendredi 12 février, « Le catastrophisme »
Rencontre-projection modérée par Matteo Merzagora
Avec le designer David Benqué, la réalisatrice Keiko Courdy et le biologiste Pierre-Henri Gouyon.
Organisée par Décalab partenariat avec le Cube
http://www.lecube.com/fr/la-catastrophisme_2718
Samedi 13 février
Workshop design spéculatif avec David Benqué autour de l’installation « The New Weathermen »
Workshop « fabriquer son sac de survie » avec Keiko Courdy
http://www.lecube.com/fr/les-imaginaires-du-vivant-david-benque-keiko-courdy-alienare_2719
L’installation « The new Weather men » sera visible à compter du vendredi 12 février au Cube.