Commencer l’année sous le signe du design, petite promenade à la Biennale 2010, par Natacha Seignolles

 

Mots-clés : réseau, téléportation, design exploratoire, mobilité et flux, poésie

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J’y suis allée un lundi et dans le public se cotoyaient des étudiants et beaucoup de retraités…

Je me suis contentée de sillonner l’ensemble de la manufacture d’armes et je ne pourrais malheureusement pas vous évoquer tout ce que j’ai vu mais j’ai choisi quelques thèmes qui me semblaient intéressants pour decalab : la ville, comment les entreprises s’emparent de cet objet d’exposition, et quelques focus sur les différentes expositions.

La thématique générale de l’exposition était la téléportation…je n’ai pas toujours réussi à lire cette thématique dans l’ensemble de l’exposition, elle m’a semblé très anecdotique et déceptive, et dans le même temps, très présente de manièreconceptuelle au-delà de l’objet plus comme un objet philosophique d’allers-retours dans le passé et dans le futur,comme une construction de la mémoire entre nos mondes symboliques et ancestraux et nos mondes futurs, voir virtuels…voir la très belle exposition Prédiction qui nous embarque à bord d’une cité antique (pour mieux nous créer un futur ?)

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Du design exploratoire, Prédiction par le designer Benjamin Loyauté, ici commisaire d’exposition :

Cartographie ou instantané des thématiques, des préoccupations et des typologies du design contemporain réalisée après avoir réalisé plus de 30 interviews de designeurs sur des problématiques diverses et compilé sur ordinateur les notions qui s’en dégageaient.

Une exposition organisée en 7 sections avec en son cœur un sanctuaire abritant un oracle structuré autour d’un logiciel d’aide à la prise de décision (utilisé par les entreprises du CAC 40 et/ou les gouvernements de nos pays) qui organise les réponses données par les designers qui occupent les lieux aux 7 questions posées. Des héros contemporains travaillant en réseau…

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La commissaire générale de l’exposition Constance Rubini a choisi de confier la scénographie de ces 12 000 m² d’exposition à deux scénographes avec 2 visions différentes :

L’un François Bauchet qui « défend une économie très axée sur la forme » et Benjamin Graindorge « qui appartient à la nouvelle génération et soutient une lecture plus narrative ».

Les multiples expositions sont ensuite confiées à de jeunes (et souvent très brillants) designers.

C’est effectivement ce qui frappe en entrant sur les lieux. Une scénographie très lisible et dans le même temps une multiplicité d’espaces conçus chacun comme une expo à part entière.

On explore des territoires différents, et chacun y trouve son compte s’il ouvre bien grand les yeux le grand-public comme les initiés et professionnels.

Sur le lieu de la Manufacture, les expos :

la ville mobile, Comfort, portrait Konstantin Grcic, Demain c’est aujourd’hui # 3 ? Lumière)s(, Process Design, Portrait Dunne & Raby, between reality and impossible, Prédiction, l’entreprise…

et une exposition Internationale dédiée à ses 5 pays invités, dont la Chine.

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La ville mobile

Le design de service prend là tout son sens, il s’agit de repenser entièrement un secteur à travers une réflexion sur le mobilier mais aussi sur une hiérarchisation des données, ici pour la ville des flux circulatoires.

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Une exposition très simple très ouverte au grand-public avec des installations centrales artistiques qui donnent à voir ce mouvement incessant de la ville mondiale et des sous-parties mêlant cartes, vidéos, et objets scénarisés de manière originale.

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De la réalité des flux migratoires, et de la réalité sociale (beaucoup de création des designers autour de ces populations sans logement et du coup obligés à une certaine mobilité obligée et non choisie), de l’exploitation dedonnées virtuellesjusqu’aux utopies qui mêlent un esthétisme fin 19emeet des projets réalisables dans un futur proche. Un voyage en images qui donne à lire le mot ubiquité.

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Uncoup de cœur pour le projet déjà existant développé par Urban Think Tank, le métrocâble de Caracas en cours de construction…Une démarche originale de transport public : un métrocâble dans un quartier où social rime avec pauvreté qui permet le transport de personnes dans des œufs suspendus dans un quartier particulièrement escarpé. Toutes les cabines portent des noms comme humanisme, amour, éthique sociale…

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Dans cette exposition, il est démontré que le travail du designer s’associe à celui de l’urbaniste et du paysagiste de manière intelligente puisqu’il regroupe une réflexion sur tous les objets et toutes les données (physiques et virtuelles) dans l’espace urbain.

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Lecture sensible (et indispensable) du territoire que défend decalab.

Lumiere)s(, la lumière comme matière

Exposition conçue par Felipe Ribon, designeur et photographe. Au-delà du simple luminaire, il redonne à la lumière sa dimension comme matière et c’est un vrai terrain d’exploration de cette nouvelle grammaire qui mêle l’objet, la matière, les nouvelles technologies.

Au-delà de la dimension esthétique très forte de cette exposition, et de l’émotion qu’elle suscite, il était intéressant de voir comment les entreprises présentes arrivent à s’inscrire dans ce paysage.

Nikon conçoit un espace conçu comme une galerie où sont montrées de magnifiques photos du monde microscopique.

BHV Group choisit une installation d’une jeune désigner du BHV group Marie de Lignerolles.

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Creative Labs de Philips présente leur technologie et lance un appel direct aux artistes pour qu’ils utilisent la technologie de Philips.

Et Quantum Glass de St Gobain : une marque spécialisée dans les surfaces lumineuses en verre.

« L’émotion est la valeur finale représentant notre nouvelle marque Quantum Glass. Les autres composantes sont le verre et la technologie active ».

Quantum Glass s’associe à un chorégraphe Jean Alavi* pour la création d’une performance vidéo « Beam me Up ! » projetée sur des verres lumineux. Elle futtout d’abord présentée comme performance pendant les 1ers jours de la biennale. Exécutée par les étudiants du CNSMDP, cette performance illustre l’effet des variations lumineuses sur le corps humain.

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notes : « Glasshouse » http://www.quantumglass.com/vf/glass_house.php

Située à Paris dans l’ancien Espace Claude Berri conçu par Jean Nouvel, la galerie est maintenant consacrée aux solutions de verres actifs offertes par la nouvelle marque de SAINT-GOBAIN, QUANTUM GLASS. C’est un endroit d’inspiration pour des artistes, des architectes, des concepteurs, des constructeurs et des utilisateurs pour qu’ils puissent imaginer la réalisation de leurs projets en y intégrant une ou plusieurs de nos solutions innovantes et créatives.

Jean Alavi : D’origine persane, Jean Alavi, né en 1968, s’est formé àl’Ecole nationale de danse de la Rochelle auprès de KarinWaehner et Colette Milner. En 1986, il intègre le CentreNational Chorégraphique de Toulouse et devient principalinterprète d’une vingtaine de créations de Joseph Russillo.En 1995, il s’installe à Paris et danse avec Gigi Caciuleanu,Bianca Li, Laura Scozzi, Pina Bausch, Luc Petton … En 1998,il crée sa première pièce «Sixâmes», qui remporte le premierprix du concours «Jeunes chorégraphes en Normandie».Passionné par l’univers cinématographique, il allie la danse àl’onirique, l’étrange, l’obsession. Il crée plusieurs spectacles.Professeur diplômé d’état, il intervient régulièrementcomme pédagogue ou chorégraphe dans plusieurs écoleset conservatoires nationaux, ainsi qu’au CNSMD de Paris,en Suisse et en Italie.

Process design, processus de gestation d’un produit né d’une rencontre entre un designer et une entreprise

Le Collectif designers + présente une cinquantaine d’exemples concrets et décortiquent le processus de création de la négociation entre le designeur et l’entrepreneur, en mettant en lumière les différences entre la proposition initiale et le produit commercialisé en bout de chaîne.

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Demain c’est aujourd’hui. De grandes tendances se dessinent.

Une veille sur la prospective côté design et entreprise organisée par Claire Fayolle, journaliste et professeur spécialisée en design.

« Ce début des années 2010 montre la volonté d’une humanisation de la technologie et d’une réintroduction du corps en mouvements, d’une gestuelle affirmée…Cette tendance regroupe des « blogjets » ou néo-objets, des projets traitant des notions de l’internet des objets.»

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Quel futur ? thématiques phares : la technologisation dans le domaine culinaire (avec la personnalisation , thématiques de l’énergie et de l’eau (économies, rationalisations) qui rejoint le thème de : l’autosuffisance alimentaire

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Les modes de production alternatifs aux modes de production classique sont aussi présentés avec les fablabs, ces structures permettant de devenir soi-même producteur.

Une tendance qui conforte les analyses autour de ces notions de mutualisation des savoirs que decalab suit de près.

Comfort, la poétique de l’objet du quotidien.

Konstantin Grcic, commissaire d’exposition, designer chez Muji, Plank, BD Barcelona, créateur dont le nom même est un label (dont la fameuse lampe portable MayDay intégrée aux collections du MoMA et du Musée des Arts Décoratifs de Paris).

Le designer présente une quarantaine d’objets liés à la notion de confort contemporain.

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Le petit plus  : Ces objets sont tous accompagnés d’une histoire courte rédigée par l’auteur allemand de Pop literature Eckhart Nickel.