Focus • data MANIA

5 milliards de téra-octets de données produites et échangées pour quelle société ?  

C’était la trame d’un épisode de la série britannique Black Mirror. C’était 1984, roman d’anticipation d’une société totalitaire et technologique. D’ici 2020, comme ils l’avaient annoncé en 2014, la Chine va mettre en place un système de notation de sa population qui prendra la forme d’un crédit social.  

Vous êtes citoyen chinois, tous vos comportements seront notés : Fumer ? Traverser la rue au feu rouge ? Mauvaise note. Flatter le régime chinois et son économie, par contre, vous  donnera des points. Les mobilités seront au cœur du système : vous êtes mal noté, l’état chinois pourra vous interdire l’accès aux avions et aux trains.  

C’était prévisible la « Big data » se met au service des régimes totalitaires. Il serait temps de nous questionner sur l’utilisation de nos données et d’aborder les questions d’éthique. 

Les artistes et les designers ont bien compris le potentiel des datas en tant que sujet et sont de plus en plus nombreux à les aborder dans leurs œuvres.  


 • Éthique de la data • 

Outre une représentation visuelle et esthétique de la donnée, les artistes l’abordent dans sa dimension critique et politique. On pense bien sûr à la Chine, illustration du pire, mais aussi aux nombreux débats liés à l’utilisation des données.  

The Architecture radio – Richard Vijgen

 

À l’espace de la Fondation EDF une exposition dont le commissariat a été fait par David Bihanic, (PhD) designer, avec un vrai regard et expertise de la data, réunit une dizaine d’artistes dont les œuvres utilisent les données comme matériau de création.  

On y retrouve le Casino Las Datas des artistes Albertine Meunier, Filipe Vilas-Boas et Sylvia Fredriksson. Ce Casino 2.0 matérialise l’espace Internet où chacun joue à confier ses données, sans quasiment rien gagner, un espace de distraction massif comme le nomment les artistes. Le système est simple : en fonction des données qu’ils acceptent de livrer – email, numéro de téléphone, Identifiant twitter, etc. – les visiteurs obtiennent un seau de jetons qu’ils peuvent ensuite dépenser aux machines.  Un beau clin d’œil plein d’humour et dans le même temps une posture critique fine de l’utilisation de nos données.

Casino Las Datas - Albertine Meunier, Filipe Vilas-Boas et Sylvia Fredriksson

Casino Las Datas – Albertine Meunier, Filipe Vilas-Boas et Sylvia Fredriksson


 • Matérialisation et récit des données •  

Income inequality Los Angeles, Chicago, New-York, Paris - Herwig Scherabon

Income inequality Los Angeles, Chicago, New-York, Paris – Herwig Scherabon

Toujours dans l’exposition 123 Data, l’artiste Autrichien Herwig Scherabon avec sa série Income inequality  Los Angeles, Chicago, New-York, Paris met en lumière les inégalités sociales, en créant un nouveau paysage construit par la parcellisation cartographique des revenus moyens par ville qu’il élève ces parcelles en hauteur. La verticalité des villes répond alors au niveau de vie des résidents. L’œuvre interroge ainsi les notions de territoire et de vivre-ensemble.  

La machine à vagues, une des pièces de l'installation Liaisons sous-marines d'Agnès de Cayeux.

1024 plages et câbles • machine à vagues • prototype développé au 3e Lieu d’Orange Gardens dans le cadre de la résidence Art Factory • installation Liaisons sous-marines d’Agnès de Cayeux.

 

En résidence chez Orange au sein du programme Art Factory développé par Décalab,  l’artiste Agnès de Cayeux, avec son œuvre Liaisons sous-marines, a exploré la matérialité du réseau en allant à la rencontre des câbles sous-marins par lesquels transitent 90%  des données du réseau. Un récit poétique de nos données avec en figure de fond la digital nativefantôme humain dans ce monde des données.

Données et algorithmes régissent nos vies jusque dans nos amours. La galerie Charlot nous invite dés le 17 mai 2018 à explorer les nouvelles relations amoureuses que créent les sites et apps de rencontre.  


• Datas et amour •  

La galerie Charlot expose plusieurs artistes internationaux pour nous inviter à analyser nos comportements face aux systèmes de mise en relation par voie électronique et à explorer les nouvelles directions du romantisme (sic) moderne.   

À voir Antoine Schmitt avec son installation interactive Deep Love.

Installation 'Deep Love' - Antoine Schmitt

Installation ‘Deep Love’ – Antoine Schmitt

 

Artistes exposés : !Mediengruppe Bitnik, Adam Basanta, Olga Fedorova, Zach Gage, Tom Galle, Thomas Israël, Moises Sanabria, Antoine Schmitt, Jeroen van Loon, Addie Wagenknecht & Pablo Garcia, John Yuy 

 

Nous finirons ce petit tour des données avec Albertine Meunier, dadaïste dataïste :  

 

DataTouch DataTouch 

Data J’ai pris ma Douche  

BabaDouche BabaDouche 

Pleins de Grosse Data Louche  

Gafa Touch Gafa Touch …  

Gafa J’ai pris la Mouche     

Tu stockes vraiment sur  moi  

Tu penses pas kt’exagères 

Tu réchauffes tout sur moi  

Tu te fais vraiment mégère


Pour aller plus loin :  

• Emission Focus • « Big Brother vous regarde » : Comment la Chine note ses citoyens  

• Exposition 1.2.3 data à la Fondation EDF Du 04 mai au 06 octobre 2018  : fondation.edf.com/expositions/1-2-3

 • Le site d’Albertine Meunier  : albertinemeunier.net

• Le site d’Agnès de Cayeux  : agnesdecayeux.fr

• L’article autour du travail d’Agnès de Cayeux « Vingt mille câbles sous les mers »  : makery.info/vingt-mille-cables-sous-les-mers

• Exposition Data dating à la galerie Charlot  : galeriecharlot.com/Data-Dating 


Les archives Décalab :

« Data dramatization », le programme organisé par Décalab en partenariat avec le Lab de l’Institut Culturel de Google.

• Lien vers le programme de « Data dramatization »: programme Data dramatization

• Notre cahier de tendances ART & DESIGN DES DATA