Le temps de la conversation

Parler, échanger, agir…retour à Berlin en février 2016

Activistes, pirates, Espionnage citoyen

INTRODUCTION, par Natacha Seignolles

A l’heure des lanceurs d’alertes et des mouvements citoyens comme Nuit Debout, le Festival Transmediale, qui a lieu à Berlin tous les ans en février, devient un rendez-vous incontournable pour comprendre la société et la culture des hackers, activistes, makers….

Nous vous avions fait un compte-rendu de ce qui s’était passé en 2015 sur notre blog…

Voici l’édition 2016 largement consacrée cette année aux makers.

Un grand merci à Ewen Chardronnet et Clémence Seurat qui nous proposent un tour d’horizon fourni de cette édition !

2016, place à la conversation, aux débats et aux conférences…

Notre société semble ressentir le besoin impérieux de parler, d’échanger…sur les festivals, sur les places, se réunir pour partager expertises (de terrain), stratégies à l’heure d’une société contemporaine en quête de repères.

Et hantée par l’anxiété…mais une anxiété qui peut devenir le catalyseur de nouvelles énergies.

L’activisme et les mobilisations s’incarnent dans un nouveau concept : « Le citizen spy », alors apanage de quelques-uns, tout citoyen se transforme en lanceur d’alerte.

Cette édition Transmédiale (elle est un reflet de notre société) se résume avec des verbes d’action :

AGIR / PARTAGER / SECURISER et FAIRE…

Dans ce cadre d’anxiété où nos modes relationnels ne répondent plus aux urgences, il est une autre piste qui se dessine, déjà perceptible depuis quelques années, mais qui semble dépasser les postures aujourd’hui et s’incarner dans de nouvelles relations basées sur le « care » (la communauté du soin), redonner du « corps » à nos émotions.

De même qu’il faut repenser une citoyenneté Internet, il est sans doute urgent de repenser, de déconstruire aussi, les discours autour de l’innovation, Nicolas Maigret, artiste, présentait lors de cette Transmediale, un projet de recherche ouvert : Disnovation, une exploration critique des mécanismes et de la rhétorique de l’innovation, qui privilégie des initiatives qui vont à l’encontre d’un discours glorifiant des technologies.

« Si nous arrêtons une seconde de courir – après le travail, nos courriels, nos rendez-vous, nos obligations, notre argent, après le temps qui file – nous tombons. Dans le chômage, la pauvreté, l’oubli, la désocialisation. » dixit le sociologue allemand Hartmut Rosa, les débats, les laboratoires, les forums qui naissent en ce moment semblent vouloir nous proposer une autre forme de mouvement, celle du débat, de la correspondance, des émotions, d’autres formes d’expérimentation.

Le politique, dans son sens le plus plein, prend alors d’autres formes à l’heure du numérique et de l’anthropocène…

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RETOUR SUR LA TRANSMEDIALE 2016, BERLIN, PAR EWEN CHARDRONNET ET CLEMENCE SEURAT

Thématique 2016 – conversation, anxiété

 

haus der Kulturen welt

Haus der Kulturen der Welt © Transmediale

Transmediale avait choisi en 2016[i] de mettre de côté les expositions et de focaliser sur les conversations. Les espaces de conférences et débats étaient ainsi doublés, les salles habituellement réservées aux expositions étaient transformées en de nouveaux espaces de discussions ou conférences. Le directeur artistique du festival, Kristoffer Gansig, semblait avec « Conversation Piece »[ii] considérer qu’il était urgent de parler, urgent d’échanger sur la situation politique complexe, extraordinairement important de partager expertises, expériences de terrain, appréhensions, diagnostics et stratégies face à l’anxiété qui mine nos sociétés contemporaines gagnées par les populismes. La prise de parole se déclinait en des formats de discussion variés comme autant de mises au travail collectives – conversations informelles et ouvertes au public, keynotes, workshops, sessions longues. Certaines sont à réécouter en podcast[iii].

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Kristoffer Gansig © Transmediale

Partant de l’idée que l’anxiété peut être un catalyseur de conversation et d’action, le festival proposait de regarder ensemble ce sentiment qui nous submerge et de le considérer afin de construire des réponses appropriées. Si l’anxiété peut tétaniser, elle traduit aussi l’agentivité et l’impatience à agir, ce que la langue anglaise reflète par un changement de préposition (anxiety to ou from). Face à la logique froide des réseaux et la quantification galopante du monde, écouter nos émotions pour les transformer en action et agir avec sensibilité sont des pistes qu’il ne faudrait pas négliger. L’installation-performance Tele Trust explorait d’ailleurs le dernier jour la confiance en ligne, une « expérience de connexion corporelle intime ».

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Tele Trust : le duo hollandais Lancel et Maat discutait des implications de leur «data veil» avec Eric Kluitenberg et Michael Seemann à la Transmediale. © Lancel/Maat

La conversation créatrice de liens devenait ici un outil politique dans sa mise en relation des personnes, des sujets, des disciplines et des perspectives. En particulier, un des workshops de la « Panic Room Session » s’est intéressé à la manière dont transformer notre anxiété individuelle en une anxiété collective, partant de l’observation de la multiplication des mobilisations locales, liées à des territoires, qu’il s’agisse des mouvements en Grèce contre les mesures financières imposées par la Troïka que présentait Angela Melitopoulos[iv] aux mouvements indigènes de sauvegarde de territoires écologiquement menacés.

L’anxiété suggérée à la discussion était déclinée durant le festival sous quatre sous-thèmes qui relevaient les points critiques des débats contemporains sur la culture numérique, ou « post-digitale » pour s’en démarquer de manière plus critique. Cette définition « post-digital » s’impose comme leitmotiv pour Transmediale qui considère que les ambitions utopiques de la culture numérique sont bouleversées dans l’époque « post-Snowden ». Les révélations Snowden hantaient d’ailleurs toujours les discussions et avaient tendance à polariser : si elles sont la preuve pour le philosophe Geoffroy de Lagasnerie[v] qu’il est possible de renverser l’impuissance politique dont nous souffrons et de renouveler les modes d’action possibles, d’autres intervenant-e-s s’inquiétaient qu’elles ne soient le signe – sans espoir – que seuls des sacrifices personnels et exceptionnels puissent encore atteindre l’État et contrer la surveillance.

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Conversation starter © Transmediale

Les conversations de ces cinq journées discutaient des anxiétés à agir, partager, sécuriser et faire.

Anxiété à agir, à agir politiquement, à renouveler l’activisme media, à ne pas se laisser embarquer dans le défaitisme et l’apathie, à voir ses actes détournés, exploités économiquement par les moguls du commerce de données, ou simplement réprimés par une société où la simple volonté d’agir pour plus de démocratie semble déjà être répréhensible.

Anxiété à partager, dans le monde des réseaux sociaux où le partage a pris une valeur commerciale, où l’économie du partage est devenue une économie problématique (l’ubérisation), où les idéaux de partage de la culture « open source » et « libre » semblent devoir continuellement lutter pour éviter la récupération économique. L’anxiété devient ici un levier pour lutter contre la stratégie d’atomisation et de privatisation de la société par le collectif, la reconstruction de communs et le partage.

Anxiété à faire, au moment où la culture « maker » semble avoir perdu ses idéaux d’origine en chemin, où le diktat à fabriquer de l’innovation est martelé quotidiennement par les décideurs politiques et économiques, où des questions réelles se posent sur cette course à la production d’objets qui ne semblent parfois que nous conduire à une accumulation sans fin de déchets.

Anxiété à sécuriser enfin, dans une époque d’état d’urgence, dans une époque où la sécurité est ce qui guide les campagnes électorales, mais anxiété à sécuriser ses données personnelles également, à préserver sa vie privée, à sortir du « cloud » qui est devenu synonyme d’exploitation commerciale de nos vies intimes.

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La plénière Anxious to Share © Transmediale

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Panel sur les Archives Snowden © Transmediale

Activisme et mobilisations

L’ensemble de ce programme très dense de conversations au quatre coins de la Haus der Kulturen der Welt était nourri du consensus d’action exemplarisé par les plus récentes des crises politiques, de l’Égypte à Gaza, en passant par la Turquie et la Grèce, des lanceurs d’alerte ou encore du rôle des hacktivistes dans les actions juridiques de résistance aux rouleaux compresseurs de la « vérité » d’Etat.

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Plénière d’ouverture © Transmediale

La plénière d’ouverture dans le grand amphithéâtre autour de l’enquête documentaire transmédia Parallelograms[vi] sur l’omniprésence du lobbying dans l’urbanisme de Washington DC donnait aux activistes américains Brian Holmes[vii] et Steve Rowell l’occasion de poser le concept du Citizen Spy, de l’espionnage citoyen, comme fil rouge de la semaine à venir. « Ce qui est étonnant, ce n’est pas la notion d’espion, car beaucoup d’activistes pratiquent en quelque sorte l’espionnage depuis l’arrivée de l’Internet, indique d’emblée Brian Holmes, mais c’est la notion de citoyen, de mouvement citoyen. » déclarait Brian Holmes. Pour Holmes, les activistes médias ne peuvent pas se reposer sur leurs faits d’armes mais doivent toujours renouveler leurs modes opératoires face aux nouvelles techniques de contrôle étatique. D’où la nécessité de se faire « citoyens espions » à la manière d’Edward Snowden.

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Brian Holmes © Transmediale

Le festival consacrait d’ailleurs beaucoup de ses débats sur la manière de préserver et sécuriser les archives Snodwen, les archives des médias tactiques, de la révolution Egyptienne, du soulèvement de Taqsim en Turquie, ou des exactions Israéliennes durant la Guerre de Gaza de 2014. Les historiens des Tactical Media Files[viii], ces médias tactiques[ix] qui englobaient hackers et activistes vidéo des médias indépendants aux débuts de l’Internet, ont largement développé l’idée d’une surveillance par les citoyens des enfreintes aux libertés civiles par les états. Les chercheurs Eric Kluitenberg[x] et David Garcia[xi] recontextualisaient d’ailleurs l’évolution des systèmes de diffusion et leur impact sur l’activisme média, de la télévision pirate à la télévision Internet, jusqu’à l’explosion de la diffusion vidéo sur les réseaux sociaux.

Le festival donnait aussi tribune et soutien à ces vidéastes militants, ceux de la place Tahrir[xii], avec, par exemple, l’important travail de l’artiste et activiste Lara Abadi pour son projet transmédia Vox Populi[xiii] qui reconstitue au jour le jour les événements égyptiens ; comme ceux du Parc Taqsim Gezi[xiv] à Istanbul en 2013 avec la large base de données d’archives vidéo de Bak.ma[xv].

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«Nakba Day Killings» reconstitue les angles de tirs des soldats à partir de différentes sources vidéos (capture écran). © Forensic Architecture

Transmediale donnait sens à ces initiatives en faisant notamment un parallèle avec le remarquable travail d’analyse d’Eyal Weizman[xvi] et Forensic Architecture[xvii] sur les exactions de l’armée israélienne dans les territoires palestiniens. Une autre stratégie post-Snowden qui mêle les techniques de modélisation architecturale et l’informatique légale[xviii]. L’architecte israélien, qui s’était fait remarquer avec son livre À travers les murs (La Fabrique, 2008)[xix], a présenté à Berlin deux enquêtes menées avec son groupe de recherche Forensic Architecture de l’université de Goldsmiths à Londres : la première démontrant la responsabilité de Tsahal dans l’assassinat d’enfants palestiniens à Nakba[xx] ; la seconde pour reconstruire le fil des bombardements du « Black Friday »[xxi] à Gaza en 2014, menée pour Amnesty International[xxii]. Des vidéos à consulter absolument. À travers ces projets, le collectif cherche à opposer la fabrication de preuves au déni de l’État, une forme d’oppression qui empêche la résistance. Il s’agit d’écrire d’autres narrations que les discours officiels à partir des traces laissées par des médias épars que Forensic Architecture travaille ensuite à faire dialoguer. Le collectif constitue actuellement une archive collective de preuves en ligne (photos, vidéos amateurs, etc.) : plus de 7 000 personnes y ont déjà participé malgré le danger que de telles contributions représentent. Les projets menés étendent également le domaine de l’architecture en incluant de nouveaux éléments, comme le nuage, dont les évolutions peuvent en dire beaucoup sur une attaque ou une explosion – ils parlent alors soft architecture. La science forensic devient un moyen de créer des brèches dans les monopoles existants et de constituer une communauté de pratiques. C’est aussi dans l’architecture et l’urbanisme que l’auteure Keller Easterling[xxiii] distingue des marques inadmissibles de la violence binaire de nos sociétés qui se loge dans l’organisation matérielle de l’espace – désormais, peut-être serait-il plus efficace de modifier une route plutôt qu’une ligne de code pour hacker les réseaux de télécommunication.

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Amphithéâtre rempli pour la conférence de Keller Easterling © Transmediale

Renouveler nos modes relationnels

Regarder le monde différemment en mobilisant la sensibilité et les émotions fut une piste esquissée pour renouveler nos modes relationnels épuisés et inopérants. Dans le keynote Anxious to secure, Isabell Lorey[xxiv] s’interrogeait ainsi sur l’anxiété nourrie par le sentiment grandissant d’insécurité et de précarité dans les sociétés contemporaines ; ou plus exactement, elle s’intéressait à la précarisation[xxv] comme moyen de gouverner et instrument de contrôle de la population. Il est indispensable de décrypter ce phénomène pour comprendre la politique et l’économie contemporaines et, pour ce faire, Isabell Lorey s’appuie sur la perspective queer de la précarité que Judith Butler propose dans ses travaux[xxvi]. Elle propose alors de penser la démocratie au-delà de l’État-nation, de casser la dichotomie privé/public, la division genrée du travail et la différence entre indépendance et autonomie afin de constituer une « communauté du soin » et dépasser l’expérience commune de la précarisation.

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David Lyon © Clémence Seurat

L’intervention de David Lyon[xxvii], enseignant et théoricien des questions de la surveillance, répondait très bien à cet appel à soigner notre rapport à l’autre en analysant la phase actuelle de la modernité comme celle de la « BigDataveillance », corollaire de la dégradation voire de la disparition des relations sociales. Le « capitalisme de surveillance »[xxviii] théorisé par Shoshana Zuboff[xxix] passe en effet par la destruction de relations de mutualité et de réciprocité. Une citoyenneté Internet, afin de lutter contre la dépolitisation, pourrait être une piste à creuser, comme celle des slow ou small data, c’est-à-dire la relocalisation des données.

Changer d’horizons

L’artiste Nicolas Maigret[xxx] présentait Disnovation[xxxi], un projet de recherche ouvert qui investigue l’innovation comme la propagande de notre temps et rend compte de démarches et de réflexions critiques contre sa glorification, notamment dans le domaine des arts. Ce travail multiforme rassemble de nombreuses initiatives de manière à constituer un corpus théorique et artistique, une techno-critique qui déconstruit le discours unique et unifiant de l’innovation. Cette innovation pourrait être vue comme le programme politique du capitalisme contemporain auquel il importe d’opposer des initiatives qui privilégient d’autres stratégies comme l’absurde, la déviance, le doute, la perturbation. Ainsi, Disnovation fait le tour du monde des alternatives qui utilisent les technologies autrement, spéculent sur leurs usages et surtout les repolitisent – de Turtle 1[xxxii], la voiture bottom-up « made in Africa », au robot d’art prédictif[xxxiii] et au blog Cargoclub[xxxiv] qui offre des aperçus sur ce qui pourrait s’apparenter à un futur post-technologique ou un chamanisme orienté-produit.

Face à l’explosion des imprimantes 3D encouragée par la course à l’innovation, Daniel Rourke a lancé avec l’artiste Morehshin Allahyari le Manifeste Additiviste[xxxv] qui invite à spéculer sur le futur de cette technologie et ouvre un champ de réflexion sur le déchet, le rebut. Alors que le devenir de ces objets en tous genres accumulés est rarement questionné – au contraire, leur production est incitée -, les additivistes proposent de l’aborder dans une perspective écologique, à contre-courant de ce que l’économie libérale valorise. Ils mettent en avant l’idée de « crapularity » – un jeu de mot sur le fameux « point de singularité technologique »[xxxvi] et le point de submersion par les déchets (crap). en quelque sorte l’effet de capillarité de toute cette nouvelle matérialité (crap) amassée. Si le plastique est l’un des marqueurs géologiques de notre temps anthropocénique, la couche qu’il constitue entre en résonance avec l’idée de compost du Manifeste Chtulucène[xxxvii] de la philosophe et zoologue Donna Haraway, un milieu propice au recyclage et à la régénération. Nos déchets technologiques pourraient s’avérer être également une terre fertile d’où peuvent naître de nouvelles matérialités et de nouveaux agencements. Héritiers des déchets de l’anthropocène, les additivistes souhaitent développer un langage commun apte à créer des interconnexions machines, humains et rebuts.

Infrastructure et violence des réseaux

L’anxiété observée sous toutes ses coutures à Berlin est aussi suscitée par la violence infrastructurelle. Le post-digital est avant tout matériel et les réseaux sont devenus des instruments de pouvoir et de coercition face auxquels artistes et hacktivistes expérimentent des alternatives, comme Christoph Wachter & Mathias Jud[xxxviii] dont les travaux traduisent la volonté de renverser cette infrastructure. Par des détournements et la création d’outils sur mesure, ils réclament la liberté de connexion, indispensable à l’émancipation et l’affirmation de notre propre pouvoir. Ils collaborent à travers le monde sur de multiples projets qui défendent le droit de fonder sa propre communauté, au-delà et malgré les prédéterminismes. Ils refusent d’être dépendants en infra d’une structure qui leur imposée d’autant qu’elle est génératrice de violence et d’exclusion. Les projets de Wachter & Jud répondent spécifiquement aux situations qui les voient naître et sont des outils pour affirmer l’indépendance et l’autonomie de groupes sociaux, ethniques, culturels invisibilisés ou exclus. L’importance prise par Internet dans la vie sociale et citoyenne renforce la fracture ; c’est en ce sens que les artistes, convaincus que les réseaux ouverts sont le talon d’Achille de la NSA, essaiment des réseaux mesh, offline et autonomes, comme avec le projet #GLM (Grassroot Local Meshnets)[xxxix] à Montreuil, à Bucarest, etc. Les deux artistes participaient également à l’atelier Off-the-cloud Zone[xl] qui durant une journée rassemblait des activistes et des artistes qui échangeaient sur des alternatives possibles à la forme prise par le Web et l’hégémonie du cloud. Christoph et Mathias y présentaient qaul.net[xli], un dispositif pour créer des réseaux spontanés, particulièrement utiles dans les contextes de censure, de protestation ou d’insurrection.

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Christoph Wachter & Mathias Jud pendant le panel sur la violence infrastrucurelle © Clémence Seurat

Transmediale proposait aussi des lancements de livres en lien avec la thématique. Dans son ouvrage Dispute Plan to Prevent Future Luxury Constitution[xlii], Benjamin Bratton[xliii] examine l’architecture comme l’un des endroits où la violence se niche. Il a notamment étudié des projets et des pratiques d’architecture « vampire » en Amérique du Sud comme El Proceso[xliv] de la dictature militaire en Argentine entre 1976 et 1983, comme ses liens avec le « gouvernement de l’ombre » de la loge Propaganda Due[xlv] en Italie. Le livre fait suite à une série d’articles[xlvi] publiés sur la plateforme e-flux.

Hybridité des futurs

L’artiste Nicolas Maigret présentait quant à lui The Pirate Book[xlvii], un ouvrage polyphonique sur le concept de piraterie qui passe en revue les projets des plus inventifs relevant de cette philosophie à travers le monde. Des usines informatiques en Chine qui excellent dans la production accélérée d’objets sur mesure à la livraison hebdomadaire sur support USB de films à Cuba (El Paquete Semanal[xlviii] d’Ernesto Oroza) et aux échanges spontanés de morceaux de musique sur les téléphones portables en Afrique dont le néerlandais Christopher Kirkeley constitue les archives[xlix], le livre montre que les détournements des circuits et des codes officiels sont encore nombreux et possibles. Ces projets faisaient d’ailleurs écho à l’exposition de CTM, le festival frère de Transmediale, intitulée Seismographic Sounds[l], qui s’intéressait aux formes hybrides de la musique aujourd’hui. Proposée en partenariat avec le réseau suisse Norient[li], elle rassemblait notamment de nombreux clips[lii] et vidéos[liii] sous six thématiques – argent, solitude, appartenance, guerre, exotique, désir -, comme autant de visions possibles de mondes à venir.

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Présentation de The Pirate Book © Transmediale

 

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Table-ronde sur le bioart « Trust me I’m an artist » © Transmediale

[i]    https://2016.transmediale.de/

[ii]   https://2016.transmediale.de/content/curatorial-statement

[iii]  https://www.voicerepublic.com/series/transmediale-conversationpiece

[iv]  http://www.kw-berlin.de/en/exhibitions/b_zone_becoming_europe_and_beyond_107

[v]   http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20160219.OBS4979/pour-sortir-de-notre-impuissance-politique.html

[vi]  www.steverowell.com/index.php/current/parallelograms/

[vii] https://en.wikipedia.org/wiki/Brian_Holmes

[viii] http://tacticalmediafiles.net/

[ix]  https://en.wikipedia.org/wiki/Tactical_media

[x]   monoskop.org/Eric_Kluitenberg

[xi]  http://new-tactical-research.co.uk/

[xii] https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_%C3%A9gyptienne_de_2011

[xiii]  http://tahrirarchives.com/

[xiv]  https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_protestataire_de_2013_en_Turquie

[xv] https://bak.ma/

[xvi]   https://fr.wikipedia.org/wiki/Eyal_Weizman

[xvii]  http://www.forensic-architecture.org/project/

[xviii]  https://fr.wikipedia.org/wiki/Informatique_l%C3%A9gale

[xix]   http://www.lafabrique.fr/catalogue.php?idArt=273&idMot=2

[xx] www.forensic-architecture.org/case/nakba-day-killngs/

[xxi]  https://blackfriday.amnesty.org

[xxii]   https://blackfriday.amnesty.org/fa.php

[xxiii]  http://kellereasterling.com/

[xxiv]  http://www.versobooks.com/books/1737-state-of-insecurity

[xxv]   http://www.e-flux.com/journal/becoming-common-precarization-as-political-constituting/

[xxvi]   https://www.youtube.com/watch?v=3OmCnyXbgwI

[xxvii]  https://en.wikipedia.org/wiki/David_Lyon_%28sociologist%29

[xxviii]    http://www.palgrave-journals.com/jit/journal/v30/n1/pdf/jit20155a.pdf

[xxix]      http://shoshanazuboff.com/

[xxx]       http://peripheriques.free.fr/blog/

[xxxi]      http://disnovation.net/

[xxxii]     http://www.setupshop.eu/

[xxxiii]    https://twitter.com/predartbot

[xxxiv]    http://cargoclub.tumblr.com/

[xxxv]     http://additivism.org/manifesto

[xxxvi]    https://fr.wikipedia.org/wiki/Singularit%C3%A9_technologique

[xxxvii]   https://vimeo.com/97663518

[xxxviii]  http://www.wachter-jud.net/

[xxxix]    https://gaite-lyrique.net/festival/technologies-au-quotidien-10-glm

[xl]  https://2016.transmediale.de/content/off-the-cloud-zone

[xli] https://qaul.net/

[xlii]       http://www.sternberg-press.com/?pageId=1615

[xliii]      http://bratton.info/

[xliv]      https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictature_militaire_en_Argentine_%281976-1983%29

[xlv]       https://fr.wikipedia.org/wiki/Propaganda_Due

[xlvi]      http://www.e-flux.com/journal/el-proceso-the-process/

[xlvii]     http://thepiratebook.net/wp-content/uploads/The_Pirate_Book.pdf

[xlviii]    https://en.wikipedia.org/wiki/El_Paquete_Semanal

[xlix]      http://sahelsounds.com/

[l]    http://www.ctm-festival.de/festival-2016/transfer/seismographic-sounds/

[li]   norient.com

[lii]  https://www.youtube.com/watch?v=wdg-_TRiNkw

[liii] https://www.youtube.com/watch?v=EKGUJXzxNqc

[liv] http://www.seuil.com/livre-9782020256452.htm